Meriem Bennani
Artiste marocaine née en 1988 à Rabat, Meriem Bennani vit et travaille à New York. Elle n’hésite pas à aborder la complexité des problèmes sociaux et politiques dans ses films, installations et environnements immersifs qui associent humour et fantaisie. Meriem Bennani est l’artiste invitée de la deuxième exposition du Prix Reiffers Art Initiatives.
Biographie
Meriem Bennani s’investit dans la vidéo avec énergie et humour. Ses installations constituées de projections multiples habitent les espaces de façon particulière et gigantesque.
L’artiste n’hésite pas à aborder la complexité des problèmes sociaux et politiques, qu’il s’agisse des migrants, de la place des femmes ou de la gestion désastreuse de la Covid-19 par les équipes de Donald Trump, tout cela mélangé à ce qu’elle trouve sur YouTube. Meriem Bennani s’est associée à la réalisatrice Orian Barki pour produire, de façon spontanée, une série en images d’animation intitulée 2 Lizards (“2 Lézards”).
Stoppée après huit épisodes et plusieurs mois de succès, cette sorte de minisérie met en scène deux lézards qui errent dans le quartier de Brooklyn vidé de ses habitants. À la manière d’un docu-fiction, l'artiste filme leurs singularités et divergences, interrogeant à leurs côtés la mutation des traditions orales et leurs modes de transmission actuels. Ces vidéos, diffusées sur le compte Instagram @meriembennani, incarnent le quotidien de millions de personnes à travers le monde, qui se sont identifiées à ces personnages.
Textes
"L’'art du détournement Meriem Bennani" par Martha Kirszenbaum
— Numéro Art, 2023
"Elle est l’une des artistes les plus influentes
de sa génération. Et, pendant la pandémie,
sa série de vidéos 2 Lizards a conquis le
monde sur Instagram. Ses films, installations
et environnements immersifs entrelacent les
références à la culture populaire mondialisée
avec la représentation vernaculaire de
son Maroc natal et l’omniprésence des
technologies numériques. Composé avec
un humour ironique et une subtile agilité à
détourner les clichés, son travail interroge
notre société contemporaine et ses identités
fracturées.
C’était en mars 2020, et comme tous aux quatre coins du globe, j’étais confinée dans mon appartement. Faisant défiler mon feed Instagram, je tombai sur le compte de l’artiste Meriem Bennani. Elle venait de poster une vidéo d’animation qu’elle avait réalisée avec une autre artiste, Orian Barki, et qui allait bientôt devenir l’oeuvre d’art la plus pertinente de cette période d’angoisse planétaire. Dans le premier épisode de 2 Lizards, deux lézards anthropomorphes animés — un vert incarné par Bennani et un brun exprimé par Barki — évoquent leur première semaine de confinement sur un toit de Brooklyn. Alors qu’un coucher de soleil rougeoyant leur fait face à l’horizon, une sérénade dans le style de Miles Davis s’élève des toits voisins : ici un cheval joue de la trompette, de l’autre côté un ours se lance avec un clavier et des caissons de basse, puis, sur un autre toit, un mouton les rejoints à la contrebasse. 2 Lizards dépeint une vision surréaliste des premiers mois de la pandémie de COVID-19 telle qu’elle s’est déroulée à New York. Dans ce film, les deux reptiles servent de protagonistes, se déplaçant dans une ville en proie à une pandémie, à un isolement prolongé et à un appel à la justice. Il met en évidence l’impuissance et l’incertitude vécues alors par beaucoup d’entre nous, ainsi que les moments inattendus de communauté partagée. Avec des dialogues reflétant brillamment l’anxiété, l’ennui et l’humour absurde de la vie confinée, et une animation originale créée en direct, les lézards de Bennani et Barki furent un succès instantané sur Instagram. Encouragées par la popularité de la première vidéo, les deux réalisatrices ont créé sept autres épisodes, publiés sur le fil de Bennani toutes les deux semaines jusqu’à début juillet 2020.
La pratique de Meriem Bennani génère son univers et son vocabulaire propres qui fusionnent un imaginaire personnel et une esthétique héritée d’une riche lignée de dessins animés expérimentaux ou Disney, avec des techniques et des technologies de postproduction de haut niveau et non dénuées d’effet comique, telles que des animations 2D et 3D créées dans des logiciels comme After Effects et Cinema 4D, le tout agrémenté d’un ensemble de pistes audio composées ou chinées sur Internet."
C’était en mars 2020, et comme tous aux quatre coins du globe, j’étais confinée dans mon appartement. Faisant défiler mon feed Instagram, je tombai sur le compte de l’artiste Meriem Bennani. Elle venait de poster une vidéo d’animation qu’elle avait réalisée avec une autre artiste, Orian Barki, et qui allait bientôt devenir l’oeuvre d’art la plus pertinente de cette période d’angoisse planétaire. Dans le premier épisode de 2 Lizards, deux lézards anthropomorphes animés — un vert incarné par Bennani et un brun exprimé par Barki — évoquent leur première semaine de confinement sur un toit de Brooklyn. Alors qu’un coucher de soleil rougeoyant leur fait face à l’horizon, une sérénade dans le style de Miles Davis s’élève des toits voisins : ici un cheval joue de la trompette, de l’autre côté un ours se lance avec un clavier et des caissons de basse, puis, sur un autre toit, un mouton les rejoints à la contrebasse. 2 Lizards dépeint une vision surréaliste des premiers mois de la pandémie de COVID-19 telle qu’elle s’est déroulée à New York. Dans ce film, les deux reptiles servent de protagonistes, se déplaçant dans une ville en proie à une pandémie, à un isolement prolongé et à un appel à la justice. Il met en évidence l’impuissance et l’incertitude vécues alors par beaucoup d’entre nous, ainsi que les moments inattendus de communauté partagée. Avec des dialogues reflétant brillamment l’anxiété, l’ennui et l’humour absurde de la vie confinée, et une animation originale créée en direct, les lézards de Bennani et Barki furent un succès instantané sur Instagram. Encouragées par la popularité de la première vidéo, les deux réalisatrices ont créé sept autres épisodes, publiés sur le fil de Bennani toutes les deux semaines jusqu’à début juillet 2020.
La pratique de Meriem Bennani génère son univers et son vocabulaire propres qui fusionnent un imaginaire personnel et une esthétique héritée d’une riche lignée de dessins animés expérimentaux ou Disney, avec des techniques et des technologies de postproduction de haut niveau et non dénuées d’effet comique, telles que des animations 2D et 3D créées dans des logiciels comme After Effects et Cinema 4D, le tout agrémenté d’un ensemble de pistes audio composées ou chinées sur Internet."
"Meriem Bennani, vidéaste hyperactive" par Roxana Azimi
— Le Monde, 2020
"La plasticienne marocaine basée à New York est coutumière des installations monumentales. Le confinement l’a poussée dans ses retranchements : elle a réalisé « 2 Lizards », un journal intime sous forme de petites vidéos visibles sur smartphone. À l’instar des musiciens qui, pendant le confinement, ont joué depuis leurs balcons, les deux jeunes femmes ont gratuitement posté leurs courtes vidéos sur Instagram. En un rien de temps, cette petite pépite est devenue virale, engrangeant jusqu’à 175 000 vues. Le Whitney, le MoMA, la Tate de Londres et le fonds régional d’art contemporain Champagne-Ardenne se sont donné le mot pour acheter l’ensemble.
Ces vidéos de une à trois minutes ont bousculé toutes les habitudes de Meriem Bennani. D’abord parce qu’elles sont le fruit d’une collaboration alors que la jeune femme a toujours opéré seule, jonglant avec gourmandise avec tous les styles – docu-fiction, dessin animé ou télé-réalité. Elles ont pour décor New York, quand tous ses précédents films avaient été tournés au Maroc, son pays natal. Quoique extrêmement soignées, elles se regardent sur le petit rectangle d’un smartphone, quand ses installations quasi sculpturales se déploient habituellement en très grand sur une multitude d’écrans.
Leçon des deux lézards ou expression d’un ras-le-bol qui déjà couvait : Meriem Bennani voudrait aujourd’hui se défaire « du syndrome de faire les choses en grand » et dit « chercher des solutions plus écolo et plus économes ». La surenchère de newsletters et de viewing rooms, les tics et tocs du « monde d’avant » revus et corrigés à la sauce numérique lui filent le bourdon".
"Meriem Bennani présente sa première sculpture publique à New York"
— Aujourd'hui le Maroc, 2022
"Sur la 24th Street à New York, l’artiste marocaine Meriem Bennani expose jusqu’à mai 2023 sa première sculpture «Windy», co-commandée par le High Line Art et Audemars Piguet Contemporary.
«Windy» est une sculpture tournoyante en forme de tornade réalisée en mousse noire et inspirée de l’expérience de l’artiste et de son vécu à New York. Haute de 2,70 m, elle est constituée d’environ 200 disques en mousse empilés les uns sur les autres. Le projet de Bennani marque également la première fois que High Line Art et Audemars Piguet Contemporary ont coorganisé et commandé une sculpture publique. Ses conservateurs ont travaillé en étroite collaboration avec l’artiste marocain et l’équipe de fabricants experts de High Line Art pour donner vie à cette oeuvre ambitieuse.
Née au Maroc et résidant à New York, Meriem Bennani est surtout connue pour ses oeuvres vidéo qui racontent des histoires sur le comportement humain et nos expériences en ligne et hors ligne. Son travail est riche de références à la télé réalité, aux dessins animés, aux films documentaires et au réseaux sociaux, souvent abordées avec humour et une touche d’absurde. Windy présente une nouvelle direction dans la pratique artistique de Meriem Bennani en transposant sa pratique dans le domaine des films d’animation en une sculpture cinétique rappelant le mouvement représenté dans ses oeuvres vidéo".