Lorna Simpson, Mentor Reiffers Art Initiatives 2023

Lorna Simpson est une artiste iconique américaine reconnue pour son approche pionnière de la photographie conceptuelle dans les années 1980. Les premiers travaux de l’artiste, mettant en lumière ses juxtapositions de textes et d’images mises en scène, ont soulevé des questions sur la nature de la représentation, de l’identité, du genre, de la race et de l’histoire, qui continuent aujourd’hui d’animer la pratique multidisciplinaire de l’artiste. Elle explore habilement la relation ombilicale du médium avec la mémoire et l’histoire, deux thèmes centraux de son travail. Pour l’édition 2023 du programme de mentorat Reiffers Art Initiatives, l’artiste américaine a décidé de soutenir la jeune artiste franco-haïtienne Gaëlle Choisne. Le fruit de leur collaboration a donné lieu à une exposition durant Art Basel Paris. 
L’artiste figurait sur la couverture de Numéro Art 13.

"Darkened"

Lorna Simpson, 2018

"3 Main Characters"

Lorna Simpson, 2022

"Blue Dark"

Lorna Simpson, 2018

"Waterbearer"

Lorna Simpson, 1986

"Figure"

Lorna Simpson, 1991

"Head on Ice #3"

Lorna Simpson, 2016

"Call Waiting"

Lorna Simpson, 1997

"Solar Glare"

Lorna Simpson, 2020

"As far as possible"

Lorna Simpson, 2023

Biographie

Figure majeure, Simpson fait partie d'une génération d'artistes qui utilise des approches conceptuelles pour saper la crédibilité et l'apparente neutralité du langage et des images.
Ses œuvres les plus emblématiques de cette période représentent des personnages afro-américains vus uniquement de dos ou par fragments. Photographiées dans un studio neutre, les figures ne sont liées ni à un lieu, ni à un moment précis. S'appuyant sur un intérêt de longue date pour la poésie et la littérature, l'artiste accompagne ces images de ses propres textes fragmentés, qui sont parfois imprégnés d'une suggestion de violence ou de traumatisme.
Ces œuvres incroyablement puissantes entraînent le spectateur dans une toile de sens équivoque, où ce qui n'est pas vu et ce qui n'est pas dit est aussi important que ce que l'artiste révèle. Apparemment simples, ces œuvres sont en fait de véritables énigmes, aussi complexes que le sujet qu'elles abordent.

Textes

"Lorna Simpson et Gaëlle Choisne artistes du mentorat 2023 de Reiffers Art Initiatives" par Alexandre Crochet
— The Art Newspaper, 2023

"L’artiste américaine et la créatrice française exposeront en duo à partir d’octobre 2023 à l’Acacias Art Center pendant Paris + par Art Basel.

Lorna Simpson et Gaëlle Choisne seront les artistes du prochain mentorat de Reiffers Art Initiatives, fonds de dotation pour la jeune création contemporaine et la diversité culturelle lancé en 2021 par Paul-Emmanuel Reiffers, président et fondateur du groupe de communication Mazarine. L’artiste américaine Lorna Simpson – mentor de cette édition 2023 – a choisi d’accompagner l’artiste française Gaëlle Choisne. Toutes deux présenteront en duo une exposition qui ouvrira ses portes pendant Paris + par Art Basel, à l’Acacias Art Center (17e arrondissement de Paris), et qui se déroulera du 18 octobre au 18 novembre 2023.

Première femme noire à exposer à la Biennale de Venise, en 1990, Lorna Simpson a vu son œuvre présentée dans de grands musées internationaux, à New York au MoMA, au Solomon R. Guggenheim Museum ou au Metropolitan Museum of Art, comme à Londres à la Royal Academy of Arts et à la Tate Modern. Son travail a également été montré à Paris au Jeu de Paume en 2013. Depuis les années 1980 où elle a été pionnière d’une photographie conceptuelle liant texte et image, « son travail, qui se déploie aujourd’hui sur différents médiums, dont la peinture, continue d’explorer avec acuité les questions de mémoire et d’histoire, de représentation, d’identité et de genre », résume Reiffers Art Initiatives. Lorna Simpson succède à Rashid Johnson (en 2021) et à Kehinde Wiley (en 2022) en tant que mentor du programme de mentorat Reiffers Art Initiatives."

"Lorna Simpson, artiste polymorphe" par Cathy Remy
— Le Monde, 2013

"Photographie, vidéo, poésie, Lorna Simpson n'a jamais vraiment choisi. Brouillant les pistes avec bonheur, l'artiste new-yorkaise questionne la mythologie noire américaine. Et parle d'identité, de féminité, de mémoire. Une oeuvre multifacette à découvrir au musée du Jeu de paume, à Paris.

Une femme de dos, tenant d'une main une cruche argentée, de l'autre un jerrican en plastique blanc, corps noir soigneusement cadré que figent la blancheur du vêtement et la beauté du geste. Silence du noir, silence des mots mystérieux qui s'affichent en gros caractères sous l'image. C'est sur cette installation emblématique du travail de Lorna Simpson que s'ouvre la première grande exposition européenne consacrée à l'artiste afro-américaine, au musée parisien du Jeu de paume.

Mythologie noire américaine
Qu'est-ce qui fait ce que je suis ? Qu'y avait-il avant moi, qui a marqué mon corps et mon esprit ? Des questions simples et vertigineuses auxquelles elle tente de répondre depuis plus de trois décennies. Son œuvre est une chambre d'écho de la mythologie noire américaine imprégnée des thèmes de l'esclavage, de la violence, de la féminité et de la mémoire. Dans la grande salle encore déserte du musée, Lorna Simpson, démarche souple et déterminée, tailleur strict, sourire lumineux et voix chaude, retrace son parcours. Refusant toute lecture autobiographique, une voie choisie par beaucoup d'artistes noires de sa génération, elle n'apparaît que rarement dans ses images bien qu'on l'ait souvent confondue avec Alva Rogers, jeune actrice qu'elle met en scène dès 1980. "J'essaie de construire des personnages complexes qui ne répondent pas à un stéréotype - géographique, identitaire, sexuel ou racial - et impliquent tout le monde", précise-t-elle. Depuis le milieu des années 1980, époque de ses premières installations photo-textes, jusqu'aux dernières vidéos comme Chess, spécialement conçue pour l'exposition du Jeu de paume, en passant par les sérigraphies sur feutre, l'artiste brouille les pistes, combinant mots écrits et parlés, images fixes et mouvantes, objets trouvés ou photographies achetées sur eBay. Passé et présent, réalité et fiction se frottent, résonnent ou éclatent en délicates métaphores dans un récit complexe.

"The Many Layers of Lorna Simpson" By Shirley Ngozi Nwangwa
— The New York Times, 2023

"In January, the artist Lorna Simpson awed readers of Essence magazine with collages featuring photographs of that month’s cover star, Rihanna. The work was a continuation of Simpson’s ongoing “Earth & Sky” series, in which she replaces the hairdos of Black women in vintage advertisements with decoupaged images of precious metals and cosmic matter, challenging notions that our hair is anything less than sublime. The Rihanna collages spanned a dozen of the issue’s pages, in addition to the cover, and in each portrait the artist superimposed photographs she took of the singer over archival images sourced from The Associated Press, decades-old Ebony magazines and even 19th-century geological lithographs. In one work, Rihanna towers over an entire cityscape, larger than life (on set, Simpson directed her to walk and pose as if she were a giant); the contrasting scales of the background and foreground cast the singer in a different light than that in which she is typically portrayed — less musician or paparazzi subject, more mythical being.
By the time Simpson moved back to New York in 1985, she was producing work that examined and pushed back against the stereotypes associated with Black women’s identities, including “Easy for Who to Say” (1989), in which each of five color Polaroids of a woman’s face is blocked out by an oval bearing one of the five vowels. Underneath “A” is the word “Amnesia,” under “E” is “Error,” followed by “Indifference,” “Omission” and “Uncivil.” “She,” a four-panel Polaroid work from 1992, similarly explores the gap between what is revealed and what is hidden, what is written and what is true, inviting the viewer to consider the creation of meaning; it shows the mouth, chin and body of a figure whose gender is uncertain but is seemingly proclaimed by the word “female,” which is mounted in cursive above the panels. Wearing an oversize suit, the subject oozes ambiguity and is smiling, almost defiantly, as if to say, “You can’t box me in.”