Bianca Bondi
Bianca Bondi est née en 1986 à Johannesburg et travaille maintenant à Paris. L’artiste est représentée par la galerie parisienne mor charpentier. Ses oeuvres ont été exposées au sein de plusieurs institutions culturelles, notamment à la Lafayette Anticipations (2023), à la Fondation Louis Vuitton (2021) ainsi qu’à la 15ème Biennale de Lyon (2019). Bianca Bondi a participé à la deuxième exposition du Prix Reiffers Art Initiatives 2023.
Biographie
Bianca Bondi est diplômée de l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy en 2012 et de l'université WITS de Johannesburg en Afrique du Sud en 2006.
L'artiste créé des environnements de fiction associant l'imaginaire d'une archéologie du futur à celui des fonds marins. Eaux de pluie, de source ou de mer, sels purificateurs et plantes médicinales créent des paysages curatifs et contemplatifs à arpenter. Elle attire notre attention sur la fragilité de l'écosystème dont nous faisons partie, soulignant l'importance d'un état d'esprit écologique et holistique pour la poursuite de la vie humaine.
Entre féérie et apocalypse, les installations et sculptures de Bianca Bondi plongent le spectateur dans un univers étrange et familier, où s’entremêlent passé, présent et futur. L'artiste dessine des paysages sur mesure pour les espaces dans lesquels elle intervient. Jardins, fontaines, chambres, sont transfigurés par différents phénomènes chimiques, climatiques, olfactifs, sonores ou lumineux. Outre sa dimension sacrée, il est aussi une composante essentielle des fluides corporels.
Textes
"Qui est Bianca Bondi, artiste chamane aux œuvres mystiques et aux rituels ésotériques ?" par Sarah Matia Pasqualetti
— Numéro, 2023
"Potions magiques, arts divinatoires, rituels païens... L'artiste sudafricaine Bianca Bondi, installée à Paris, déploie dans ses installations un univers mystique entre sciences naturelles et sciences occultes, réactions chimiques et pouvoirs magiques. Un art qui se situe au croisement de la recherche expérimentale et de la pratique de rituels ésotériques. Ses œuvres sont à découvrir à l'Acacias Art Center à Paris jusqu'au 16 juin, au sein de l'exposition “Infiltrées. 5 manières d'habiter le monde” de Reiffers Art Initiatives.
Bianca Bondi pratique la magie à partir d'une considération de l'énergie cosmique présente dans chaque personne et chaque chose. Son cadre magique de référence est celui de la Wicca, une des principales formes de néopaganisme, qui promeut le culte de la terre et de la Nature et se revendique art de vivre en harmonie avec son environnement. L’artiste choisit les matériaux et les objets qui composent ses œuvres en fonction de leur énergie et de leur puissance symbolique, en essayant de l’activer ou de la canaliser pour des installations spécifiques, qu’elle conçoit pour la plupart in situ. Elle s’intéresse aux objets qui ont une histoire, une vie antérieure, et qui nécessitent donc d’être purifiés avant leur utilisation. Ainsi, Bianca Bondi effectue des rituels pour nettoyer leur aura en faisant passer les objets à travers les quatre éléments, soit matériellement (par exemple avec le feu des bougies ou l’eau des larmes), soit mentalement (un exercice qui demande un effort très intense de visualisation et de méditation). Une autre technique de purification utilisée par l’artiste est celle du nettoyage par l’eau salée. Le sel opère d’une façon bien particulière : en tant qu’inhibiteur microbien, il agit en même temps sur le plan physique, en neutralisant les bactéries, et sur le plan métaphysique, en éloignant les mauvaises énergies spirituelles. Avec un seul et même procédé, on peut donc purifier un objet tant du point de vue chimique que du point de vue de sa dimension auratique.
La pratique occulte du scrying (vision dans le cristal), un des plus anciens rituels de divination, est évoquée dans les œuvres de l’artiste avec la présence de plusieurs bassins d’eau salée. Cet art de la révélation par images psychiques, dont le médium est une surface réfléchissante, serait capable de nous connecter au monde invisible grâce à nos facultés de seconde vue. Les ouvertures au sol de forme circulaire s’inspirent des cenotes mexicains (puits ou grottes d’eau douce), dans lesquels les Mayas jetaient des offrandes au monde souterrain. Dans certaines installations, comme la série Lost and Found (2021), des pièces de monnaie en cuivre, des fleurs, des plumes, des ossements d’oiseaux, du coquillage et des objets chinés peuplent les étangs d’eau salée. En offrant ces matières aux esprits, l’artiste fait office de médiatrice entre ce monde et l’au-delà.
Dans Beltane Oracle (2023), exposée au printemps à Lafayette Anticipations, les bols en céramique évoquent l’image de cratères lunaires et renvoient au symbole yonique de l’énergie féminine. Ces cratères remplis de potions magiques – qui mélangent eau bénite et lait maternel – balancent les figures phalliques des poteaux de robinier brulé, en poursuivant le principe wiccan de l’harmonie naturelle entre le féminin et le masculin. Au cœur de cet étrange “jardin zen”, les cinq poteaux ne renvoient pas seulement au symbole ésotérique du pentagramme, mais peuvent aussi être vus comme les doigts d’une main émergeant d’un monde souterrain, dont les extrémités sont illuminées par des cristaux de quartz. Beltane Oracle se réfère à la célébration du mât de mai (ou arbre de mai, un rite de fécondité lié au retour de la frondaison qui consiste à planter un arbre ou un mât qui le représente dans le courant du mois de mai) et à la fête de Beltaine (célébrée dans la nuit du 30 avril au 1er mai)."
Bianca Bondi pratique la magie à partir d'une considération de l'énergie cosmique présente dans chaque personne et chaque chose. Son cadre magique de référence est celui de la Wicca, une des principales formes de néopaganisme, qui promeut le culte de la terre et de la Nature et se revendique art de vivre en harmonie avec son environnement. L’artiste choisit les matériaux et les objets qui composent ses œuvres en fonction de leur énergie et de leur puissance symbolique, en essayant de l’activer ou de la canaliser pour des installations spécifiques, qu’elle conçoit pour la plupart in situ. Elle s’intéresse aux objets qui ont une histoire, une vie antérieure, et qui nécessitent donc d’être purifiés avant leur utilisation. Ainsi, Bianca Bondi effectue des rituels pour nettoyer leur aura en faisant passer les objets à travers les quatre éléments, soit matériellement (par exemple avec le feu des bougies ou l’eau des larmes), soit mentalement (un exercice qui demande un effort très intense de visualisation et de méditation). Une autre technique de purification utilisée par l’artiste est celle du nettoyage par l’eau salée. Le sel opère d’une façon bien particulière : en tant qu’inhibiteur microbien, il agit en même temps sur le plan physique, en neutralisant les bactéries, et sur le plan métaphysique, en éloignant les mauvaises énergies spirituelles. Avec un seul et même procédé, on peut donc purifier un objet tant du point de vue chimique que du point de vue de sa dimension auratique.
La pratique occulte du scrying (vision dans le cristal), un des plus anciens rituels de divination, est évoquée dans les œuvres de l’artiste avec la présence de plusieurs bassins d’eau salée. Cet art de la révélation par images psychiques, dont le médium est une surface réfléchissante, serait capable de nous connecter au monde invisible grâce à nos facultés de seconde vue. Les ouvertures au sol de forme circulaire s’inspirent des cenotes mexicains (puits ou grottes d’eau douce), dans lesquels les Mayas jetaient des offrandes au monde souterrain. Dans certaines installations, comme la série Lost and Found (2021), des pièces de monnaie en cuivre, des fleurs, des plumes, des ossements d’oiseaux, du coquillage et des objets chinés peuplent les étangs d’eau salée. En offrant ces matières aux esprits, l’artiste fait office de médiatrice entre ce monde et l’au-delà.
Dans Beltane Oracle (2023), exposée au printemps à Lafayette Anticipations, les bols en céramique évoquent l’image de cratères lunaires et renvoient au symbole yonique de l’énergie féminine. Ces cratères remplis de potions magiques – qui mélangent eau bénite et lait maternel – balancent les figures phalliques des poteaux de robinier brulé, en poursuivant le principe wiccan de l’harmonie naturelle entre le féminin et le masculin. Au cœur de cet étrange “jardin zen”, les cinq poteaux ne renvoient pas seulement au symbole ésotérique du pentagramme, mais peuvent aussi être vus comme les doigts d’une main émergeant d’un monde souterrain, dont les extrémités sont illuminées par des cristaux de quartz. Beltane Oracle se réfère à la célébration du mât de mai (ou arbre de mai, un rite de fécondité lié au retour de la frondaison qui consiste à planter un arbre ou un mât qui le représente dans le courant du mois de mai) et à la fête de Beltaine (célébrée dans la nuit du 30 avril au 1er mai)."
"L’ésotérisme dans l’art, des créations aux frontières du réel" par Roxana Azimi
— Le Monde, 2021
"Depuis deux mois, Bianca Bondi, 35 ans, a transformé une salle de la Fondation Louis Vuitton, à Boulogne, en lieu de méditation poudré de rose du sol aux murs. L’artiste sud-africaine y a installé des vasques d’eau salée, ajoutant à cette fontaine coquillages et ossements d’oiseaux « comme un geste de remerciement aux dieux », explique la jeune femme avec des accents new age. Dans l’air, une puissante odeur de terre et d’herbe « pour aider au recueillement », poursuit la plasticienne passionnée par le règne du vivant et les propriétés des minéraux. A la galerie Mor Charpentier, à Paris, où elle expose simultanément, Bianca Bondi met en scène des objets trouvés et des plantes qu’elle a cristallisés par le sel, comme « lavés de leurs ondes passées »".
L’appétence du milieu pour les pratiques occultes s’explique en partie par des facteurs générationnels. « J’ai grandi avec les séries Charmed (histoire de trois sœurs descendantes d’une lignée de sorcières à San Francisco) et Buffy contre les vampires », reconnaît Bianca Bondi, qui, dès l’âge de 10 ans, crée un premier groupe de sorcières – elle en fondera deux autres par la suite. Sur Instagram, le mot-clé Witch comptabilise plus de 16 millions de publications, tandis que les tutoriels de sortilèges se propagent sur TikTok".
L’appétence du milieu pour les pratiques occultes s’explique en partie par des facteurs générationnels. « J’ai grandi avec les séries Charmed (histoire de trois sœurs descendantes d’une lignée de sorcières à San Francisco) et Buffy contre les vampires », reconnaît Bianca Bondi, qui, dès l’âge de 10 ans, crée un premier groupe de sorcières – elle en fondera deux autres par la suite. Sur Instagram, le mot-clé Witch comptabilise plus de 16 millions de publications, tandis que les tutoriels de sortilèges se propagent sur TikTok".
"Bianca Bondi : pièges de cristal" par Maïlys Celeux-Lanval
— Beaux Arts Magazine, 2021
"Qui sont les « jeunes pousses » qui façonnent l’art de notre temps ? Chaque mois, Beaux Arts met en lumière le parcours d’un artiste émergent, à suivre de près. Actuellement exposée à la fondation Louis Vuitton, Bianca Bondi crée, en collaboration avec des musiciens, parfumeurs et fleuristes, de sublimes environnements visuels, olfactifs et sonores… habités de magie.
Il y a fort à parier que, comme nous, les visiteurs de la dernière Biennale de Lyon en 2019 se souviennent parfaitement de l’installation de Bianca Bondi (née en 1986). Le cadre était pourtant complexe : une petite salle perdue dans un coin des immenses usines Fagor, dont le passé (avant la fermeture définitive, la production avait été petit à petit délocalisée, laissant des centaines d’ouvriers sans emploi) imprimait l’exposition d’un singulier décalage. Sensible, sortant elle-même d’épreuves douloureuses, Bianca Bondi avait fait la demande, en venant visiter le site, de rencontrer d’anciens ouvriers avant de se mettre au travail ; sans succès toutefois. Elle avait alors produit une pièce à l’aura protectrice palpable, en couvrant de sel les surfaces de cette ancienne salle de pause, installant par-ci par-là différents objets (une tasse, des bocaux), eux-mêmes emprisonnés dans une couche cristalline. « Le sel écarte les mauvaises ondes, protège, crée un espace et un air sacré. »
L’ensemble semblait pétrifié dans la glace, comme un morceau de vie gardé intact à travers les ans. Pétrifié, mais pas vraiment, puisqu’il apparaissait aussi évident que l’installation était en train de vivre, de se métamorphoser tout doucement, et d’agir… De fait, le sel, nous explique l’artiste qui le manie depuis l’enfance, absorbe l’humidité et les toxines. Dans un décor aussi nocif que ces anciennes usines – autour d’elles, l’eau ne peut être puisée dans un rayon de sept kilomètres ! –, une telle installation revêtait ainsi un rôle actif, purifiant l’air et le sol au fur et à mesure des jours. C’est ainsi que les anciens ouvriers, qu’elle avait tant voulu voir en amont, lui ont confié en venant visiter la Biennale que son installation leur faisait du bien, qu’elle faisait écho à leur vie en investissant la salle de pause où ils avaient l’habitude de prendre un bol d’air avant de retourner à la chaîne".
Il y a fort à parier que, comme nous, les visiteurs de la dernière Biennale de Lyon en 2019 se souviennent parfaitement de l’installation de Bianca Bondi (née en 1986). Le cadre était pourtant complexe : une petite salle perdue dans un coin des immenses usines Fagor, dont le passé (avant la fermeture définitive, la production avait été petit à petit délocalisée, laissant des centaines d’ouvriers sans emploi) imprimait l’exposition d’un singulier décalage. Sensible, sortant elle-même d’épreuves douloureuses, Bianca Bondi avait fait la demande, en venant visiter le site, de rencontrer d’anciens ouvriers avant de se mettre au travail ; sans succès toutefois. Elle avait alors produit une pièce à l’aura protectrice palpable, en couvrant de sel les surfaces de cette ancienne salle de pause, installant par-ci par-là différents objets (une tasse, des bocaux), eux-mêmes emprisonnés dans une couche cristalline. « Le sel écarte les mauvaises ondes, protège, crée un espace et un air sacré. »
L’ensemble semblait pétrifié dans la glace, comme un morceau de vie gardé intact à travers les ans. Pétrifié, mais pas vraiment, puisqu’il apparaissait aussi évident que l’installation était en train de vivre, de se métamorphoser tout doucement, et d’agir… De fait, le sel, nous explique l’artiste qui le manie depuis l’enfance, absorbe l’humidité et les toxines. Dans un décor aussi nocif que ces anciennes usines – autour d’elles, l’eau ne peut être puisée dans un rayon de sept kilomètres ! –, une telle installation revêtait ainsi un rôle actif, purifiant l’air et le sol au fur et à mesure des jours. C’est ainsi que les anciens ouvriers, qu’elle avait tant voulu voir en amont, lui ont confié en venant visiter la Biennale que son installation leur faisait du bien, qu’elle faisait écho à leur vie en investissant la salle de pause où ils avaient l’habitude de prendre un bol d’air avant de retourner à la chaîne".
"Nouveau Talent : Bianca Bondi, tellurisme et contemporanéité" par Marie Maertens
— Connaissance des arts, 2020
"Née à Johannesburg, Bianca Bondi est l’une des dernières artistes sélectionnées par le [N.A!] Project. Elle sera prochainement exposée à Tarbes et en Corée du Sud.
Bianca Bondi n’aime rien tant que les challenges proposés par les expositions institutionnelles ou les biennales. Car cette écologiste convaincue peut y expérimenter, à grande échelle, des matériaux aux consistances évolutives nourrissant une réflexion sur le temps. « J’emploie beaucoup de végétation, notamment des plantes médicinales, explique-t-elle, qui atteste de la fragilité mais aussi de la force de la faune et de la flore, laquelle reprend toujours ses droits. Puis je travaille le sel, le cuivre, le latex, la soie… avec des objets chinés et mis en relation avec chaque site. » Au sein d’un courant identifié comme l’archéologie du futur, ses Vanités immersives convoquent en effet volontiers la synesthésie. « Car une œuvre n’est pas seulement ce que l’on voit, mais ce que l’on ressent », poursuit Bianca Bondi, qui choisit parfois de solliciter l’odorat du spectateur ou d’imposer un rapport particulier au son, le figeant de manière spectrale.
Si ses premières pièces renvoyaient à l’histoire de la sculpture – et l’Antiforme de Robert Morris –, elle fut également fascinée, très jeune, par la liberté des expériences de Marina Abramović. À son arrivée en France en 2006, elle s’est imposée comme l’une des pionnières de l’écologie féministe. L’héritage de son pays natal se ressent dans ses créations. Ayant été bercée de récits sur le spiritisme ou la magie, elle conserve une vision occulte et tellurique du monde, tout en étant parfaitement de son époque. La question du rituel demeure fondamentale, quand elle débat sur l’écologie politique des objets ou le regard colonial porté sur la géologie. Savamment orchestrés, les hors-temps de Bianca Bondi sont étayés par de nombreuses recherches, qui individualisent chaque projet tout en tissant sa propre mémoire".
Bianca Bondi n’aime rien tant que les challenges proposés par les expositions institutionnelles ou les biennales. Car cette écologiste convaincue peut y expérimenter, à grande échelle, des matériaux aux consistances évolutives nourrissant une réflexion sur le temps. « J’emploie beaucoup de végétation, notamment des plantes médicinales, explique-t-elle, qui atteste de la fragilité mais aussi de la force de la faune et de la flore, laquelle reprend toujours ses droits. Puis je travaille le sel, le cuivre, le latex, la soie… avec des objets chinés et mis en relation avec chaque site. » Au sein d’un courant identifié comme l’archéologie du futur, ses Vanités immersives convoquent en effet volontiers la synesthésie. « Car une œuvre n’est pas seulement ce que l’on voit, mais ce que l’on ressent », poursuit Bianca Bondi, qui choisit parfois de solliciter l’odorat du spectateur ou d’imposer un rapport particulier au son, le figeant de manière spectrale.
Si ses premières pièces renvoyaient à l’histoire de la sculpture – et l’Antiforme de Robert Morris –, elle fut également fascinée, très jeune, par la liberté des expériences de Marina Abramović. À son arrivée en France en 2006, elle s’est imposée comme l’une des pionnières de l’écologie féministe. L’héritage de son pays natal se ressent dans ses créations. Ayant été bercée de récits sur le spiritisme ou la magie, elle conserve une vision occulte et tellurique du monde, tout en étant parfaitement de son époque. La question du rituel demeure fondamentale, quand elle débat sur l’écologie politique des objets ou le regard colonial porté sur la géologie. Savamment orchestrés, les hors-temps de Bianca Bondi sont étayés par de nombreuses recherches, qui individualisent chaque projet tout en tissant sa propre mémoire".